ALEXANDER BARD

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ALEXANDER BARD

Postby babak » Thu Feb 02, 2006 11:06 am

Interview avec Alexander BARD dans "la spirale.org"

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Alexander Bard est-il le prototype de la nouvelle génération de philosophes ? Rompu aux arcanes de la pop-culture, sans complexe face aux révolutions technologiques, converti au zoroastrisme et volontiers provocateur, il joue les aliens dans un paysage intellectuel somnolent. Ce suédois, bien connu des amateurs de techno-rock en tant qu’artiste, compositeur et producteur, pour ses collaborations avec Army of Lovers, Alcazar, Vacuum, Stakka Bo ou les Cardigans, fut aussi le cofondateur de Stockholm Records, la plus grosse maison de disques indépendante de Scandinavie. Aujourd’hui, il secoue le prunier de la philosophie universitaire en publiant avec Ian Soderqvist "Netocracy : The New Power Elite And Life After Capitalism". En Grande-Bretagne, le titre est monté, avant même sa sortie en traduction anglaise, jusqu’à la 11ème place du top 100 d’Amazon UK. Propos recueillis par Rémi Sussan.


Quelle est votre expérience des médias et des réseaux ?

J’ai une formation universitaire en géographie économique, mais j’ai élargi mes compétences à la philosophie et à la sociologie. Aujourd’hui, j’écris des livres et je donne régulièrement des conférences à l’Ecole d’Economie de Stockholm. En Scandinavie, les départements de philosophie craignent ou paient mal.
Quand je ne travaille pas, je voyage en des lieux exotiques, je fais la fête et j’élève des chevaux de courses. J’ai aussi tendance à coucher avec tout ce qui bouge.

Pensez-vous que votre passé dans la Rock music ait influencé sur votre recherche ? Votre démarche converge-t-elle avec celle de beaucoup de musiciens de rock, qui se dirigent vers une forme de réflexion philosophique, de John Perry Barlow* à Brian Eno**, sans parler de ***Howard Bloom ?

D’abord, l’industrie musicale est incroyablement stupide. Ce n’est vraiment pas un endroit où l’on peut s’attendre à rencontrer le moindre intellectuel, bien que de nombreuses rockstars aiment à se considérer comme des créatures intelligentes. C’est le cas de Brian Eno, (qui l’est effectivement) et de son copain Bono (qui ne l’est pas). Entre la philosophie et le rock, la philosophie a toujours été ma principale préoccupation. Je savais que je finirais par être un philosophe et un écrivain.
Mais on ne peut se livrer à la philosophie de manière crédible avant d’avoir atteint la quarantaine. J’ai commencé à 39 ans, donc assez jeune. J’ai décidé de m’immerger dans la culture populaire pour l’étudier de l’intérieur, car elle joue un rôle fondamental dans la société contemporaine et donne à notre époque ses principales caractéristiques. Je peux utiliser un grand nombre des découvertes que j’ai fait au sein de la pop culture dans mon travail philosophique, comme par exemple le concept très original de dynamique des réseaux que nous présentons dans "Netocracy".

Qu’est ce que la Netocratie ? Comment fonctionne-t-elle ?

"Netocratie" est le premier travail philosophique à prendre au sérieux l’idée d’une société de l’information et à expliquer ce qu’est une telle société et comment elle diffère des autres types de civilisations.
Notre société, que nous appelons informationaliste, est, comme toutes les autres, une société de classes. Or, nous avons désespérément besoin d’une nouvelle analyse remplaçant celle de Karl Marx datant des années 1840. L’analyse marxiste définit le prolétariat par opposition à la bourgeoisie. Dans notre théorie informationaliste, le consumatariat s’oppose à la netocratie. La principale différence entre le netocrate et le consumatarien tient à ce que le premier a les moyens et les possibilités de produire sa propre identité. Le consumtarien n’a d’autre choix que faire son marché parmi les identités qui ont été produites pour lui.
La société informationaliste est attentionaliste : elle est obsédée par l’identité plutôt que par l’argent ou les moyens de production. Ce qui explique que le contrôle de la production de l’identité se trouve au centre des conflits de classe. Sachant cela nous avons besoin d’une nouvelle méthode que nous appelons sociométrie pour remplacer l’économie.

La naissance de la Netocratie est-elle due à des facteurs purement technologiques, comme l’Internet ? Ou s’agit-il d’un changement de paradigme plus global ?

Tout doit toujours être redéfini lors d’un changement de paradigme, y compris l’ensemble de l’histoire humaine. Dans "Netocracy", nous réécrivons l’histoire en fonction du développement des technologies de l’information. La chasse et la cueillette sont liées à la parole, la féodalité à l’écriture, la capitalisme à l’imprimerie. L’informationalisme, commençant à partir des années 70, correspond aux médias interactifs, dont le téléphone portable et l’Internet ne sont que les premiers exemples.
Au final, toute technologie deviendra interactive, car c’est ce que nous attendons de nos gadgets en tant qu’utilisateurs et consommateurs. Les effets globaux de l’interactivité seront le sujet de notre prochain livre qui devrait paraître en suède en 2002, puis, nous l’espérons, traduit en anglais et en français vers 2003.

Pouvez vous nous décrire les différentes classes de netocrates : curateurs, nexialistes, éternalistes …

Je n’utiliserais pas ici le terme de "classe", mais plutôt "type" ou "subdivision". Tout ordre social repose sur une structure sociale tripolaire. Le féodalisme se basait sur l’interaction et l’équilibre entre la monarchie, l’aristocratie et l’église. Le capitalisme a privilégié les rapports entre l’état nation, la bourgeoisie et l’université. Pendant l’ère informationaliste, nous verrons aussi se développer trois pôles de pouvoir dont l’équilibre permettra de maintenir la stabilité de la société. C’est ce que nous nommons dans "Netocracy" : les curateurs, les nexialistes et les éternalistes.
Les curateurs trient et classifient l’information, une source énorme de pouvoir, parce que c’est ce traitement qui sera la ressource la plus rare et la plus recherchée de la société informationaliste. Les nexialistes sont les producteurs d’informations, et apparaissent comme les esthètes de cet âge extrêmement esthétique et les figures centrales des réseaux tout puissants. Les éternalistes tirent leur nom du concept nietzschéen de l’éternel retour. Le netocrate correspond en effet assez bien à la figure historique du surhomme nietszchéen. L’éternaliste est le producteur post-nihiliste de vérité, qui organise la meta-information sur laquelle la netocratie base son pouvoir. Je suppose qu’on pourrait dire que mon co-auteur Söderqvist et moi-même sommes les premiers d’une longue lignée d’éternalistes.

Quels sont les liens entre la netocratie et la capitalisme traditionnel ? Qu’en est il de la production des biens matériels ?

Elle est bien sûr toujours présente, mais économiquement et culturellement réduite à un rôle marginal. Une situation analogue à ce qui s’est passé pour la production de nourriture, lors du passage de la féodalité au capitalisme. L’histoire se répète voyez-vous. C’est un point central des théories présentées dans Netocracy.

Quelle différence entre votre "netocratie" et la "nouvelle économie" chantée par Kevin Kelly de Wired qui a pour slogan "Ce qui compte n’est plus ce que vous savez mais qui vous connaissez" ? Considérez vous le Global Business Network, ou les "digerati" de John Brockman, comme des exemples de netocratie ?

Je verrais plutôt le Global Business Network comme une dernière tentative de la bourgeoisie pour conserver son pouvoir déclinant. Les réseaux ne fonctionneront pas comme Kevin Kelly semble le penser. Sociologiquement, il est largement préférable d’étudier comment des réseaux interactifs sont construits par les adolescents avides de Finlande ou du Japon, que se pencher sur la manière dépassée dont des quinquagénaires californiens organisent leur cocktails. Les vrais réseaux informationalistes divergeront des thèses de Brookman et Kelly de façon choquante. Du reste, nous ne devrions pas compter sur l’Amérique pour offrir des idées nouvelles sur ce sujet. C’est au marges du vieux monde et non au centre, où se trouvent les USA, que les nouvelles techniques de pouvoir apparaîtront pour la première fois.

A quoi ressembleront les réseaux de la société future ?

Nous appelons ces réseaux des "tribus virtuelles nomades". Elles sont un exemple de primitivisme technologique : comment l’homme, lorsqu’il en a la chance, retourne à ses origines de chasseur cueilleur, à la vie humaine telle qu’elle aurait existé avant l’apparition des sociétés féodales et de la sédentarisation ? C’est exactement ce qui arrive aujourd’hui, lorsque les gamins utilisent des téléphones cellulaires et des ordinateurs d’une manière complètement différente de celle de leur parents capitalistes.
La grande fracture générationnelle, aujourd’hui, n’est plus comme dans les années 60 et 70 due aux valeurs mais aux comportements. Le changement profond des valeurs interviendra plus tard, comme résultat du changement de comportement, et non de vision du monde. Les tribus virtuelles nomadiques se développent plus vite et plus intensément aux marges de notre société. C’est le cas avec les scènes gay ou queer, dans les communautés structurées autour de la musique, mais plus encore au sein des cultures souvent criminalisées de la drogue et des gangs de jeunes. Tout le monde aujourd’hui peut se procurer un portable et un petit ordinateur.
C’est donc surtout parmi ceux qui peuvent difficilement s’offrir autre chose, que cette culture tribale nomadique et virtuelle décolle. Les "outsiders", ceux qui bougent, (donc les nomades) ont toujours bénéficié des changements de paradigmes au cours de l’histoire. C’est une des thèses centrales de "Netocracy".

Quel est votre diagnostic sur l’échec des dot.com et de la nouvelle économie ?

"Netocracy" a gagné la réputation d’être peut-être le seul ouvrage à avoir prédit le crash des dot.com et dénoncé la superficialité de la nouvelle économie. Par chance, nous n’avons jamais été associés à ces termes, quoique je dirige personnellement trois dot.com qui se portent pour le mieux et font des profits, merci ! Dans un registre moins gai pour l’humanité, "Netocracy" avait également prévu l’avènement du réseau Al Qaida. Les autres prophéties contenues dans notre livre attendent leur réalisation.

Quel sera le destin des nations non connectées, celles du tiers monde ?

Nous refusons de penser le monde comme constitué de différents pays. Si l’Etat Nation est réellement mort, nous n’allons certainement pas continuer à diviser le monde en états nations ou en régions géographiques ou cultures comme si c’était encore important. L’informationalisme ne tient pas compte de ces divisions. De la même manière, nous refusons de parler de différents individus et de leurs idées dans "Netocracy". Nous pensons que l’individu est mort avec le capitalisme et qu’il est maintenant remplacé par le "dividu", le netocrate en réseau. Nous avons en fait emprunté le mot "dividu" au philosophe français Gilles Deleuze qui figure parmi nos penseurs favoris.

Qu’en est-il de l’individu dans la société future ?

Nous pensons que l’individu est mort avec le capitalisme. Il est maintenant remplacé par le "dividu", le netocrate immergé dans les réseaux. Nous avons en fait emprunté le terme "dividu" au français Gilles Deleuze.
Un individu est un objet indivisible, tandis qu’un "dividu" peut être séparé en différents éléments, puis réassemblé pour former de nouvelles structures. Nous ne sommes plus des êtres "individuels", mais des dividus existant dans des contextes sociaux différents. Et, plus important, nous avons arrêté d’essayer d’être constamment "toujours le même", fidèle à notre "véritable moi". Au contraire, nous nous délectons à apparaître différents selon les contextes. Nous avons abandonné l’idéal de la personnalité "monopsychique" pour lui préférer celui de la personnalité "schizoïde". Nous chercherons désormais des consultations en schizanalyse plutôt qu’en psychanalyse.
C’est la mort sociologique du sujet cartésien. L’individualisme est propre aux classes sociales défavorisées sous le règne de l’informationalisme. Le netocrate est dividualiste, parce qu’entre l’Individu et le Réseau, il choisira toujours le Réseau. Donc l’objet atomique, le socle cosmique de la société informationaliste est le Réseau et NON l’Individu, comme c’était le cas dans le paradigme cartésien capitaliste. L’individu est donc obligé de se développer en dividu.

Que pensez vous de la nouvelle gauche, par exemple, des thèses développées par Negri dans "Empire", par exemple ?

Je hais "Empire". C’est un si mauvais livre ! Mal écrit, avec une analyse minimale quand elle n’est pas complètement fausse. "Empire" n’est rien d’autre que de l’opium populiste, de la stupidité New Age. Personnellement, j’ai dépassé l’ancienne division gauche-droite. Elle ne fait plus de bien à personne. La gauche restera une vieille gauche de toute façons, tant qu’elle ne se sera pas débarrassé de ses utopismes proto-chrétiens. La seule radicalité à exister réellement est le pragmatisme radical. Il n’existe rien de plus radical que refuser de fuir devant le réel et se confronter au monde tel qu’il est, et non tel qu’on aimerait qu’il soit. Nietszche etait mille fois plus radical que Marx, voyez vous.
Lire "Empire" m’a laissé une sensation de vide et de colère, à cause de ses prétentions et de ses promesses non réalisées. Notre prochain livre montrera de quelle manière le concept d’empire peut et doit être utilisé. Il nettoiera le sol des tentatives malheureuses de ce genre. Dieu que je hais Rousseau ! Il est le pire poison qui ait jamais intoxiqué la philosophie. Revenons plutôt aux véritables philosophes, à Nietszche, à Heidegger. C’est à partir de là que nous pourrons bâtir. Les seuls philosophes décents du XXème siècle à l’avoir compris sont Deleuze et Lacan. Et, parmi les contemporains, le seul qui compte à mes yeux est Slavoj Zizek. La gauche devrait l’écouter plus.

En dehors du champ de la communication, quelle est votre opinion sur les révolutions se produisant actuellement dans d’autres domaines, en biotechnologie par exemple ? Comment réagissez vous à la position très négative de philosophes comme Francis Fukuyama aux USA ou Paul Virilio en France ? La netocratie fournit-elle un socle théorique pour penser les révolutions biologiques ?

Fukuyama et Virilio sont juste de vieux raseurs bourgeois qui défendent des valeurs bourgeoises, datées et mourantes. Ils sont comme les théologiens chrétiens qui rouspétaient et se plaignaient de l’avènement des Lumières au XVIIème siècle. Nous avons besoin de nouvelles Lumières en ce moment historique, ce changement de paradigme au cours duquel les memes prennent finalement la place des gènes. Il s’agirait de Lumières transrationalistes plutôt que simplement rationalistes. J’espère que Sodverquist et moi faisons partie de ce nouveau mouvement.
Je n’ai pas de point de vue négatif ou positif en ce qui concerne la révolution transhumaniste. Je ne crois pas que ce type de jugement de valeur soit encore crédible. Le transhumanisme va arriver. Il est inévitable. Et, comme toujours lors d’un tel changement historique, il sera considéré comme positif par ceux qui en profiteront et négatif par les autres. De vieux emmerdeurs comme Virilio ou Fukuyama ont bien sûr tout à y perdre. Ils ne font qu’exprimer leur intérêt propre. Pourquoi s’ennuyer à les écouter ? Virilio est même catholique. Soyons sérieux !

Qu’est ce que l’éternalisme ? Le mobilisme ? Quelles sont leurs relations et leurs liens avec la netocratie ?

Oh là ! Les définitions de l’éternalisme et du mobilisme figureront dans notre prochain livre et cela prendra à peu près 500 pages pour tout expliquer dans le détail.
Fondamentalement nous sommes des penseurs "paradoxistes", comme Lacan et Deleuze, et nous voyons la nécessité d’introduire un nouveau dualisme en philosophie.
Fondamentalement, nous empruntons cette nouvelle division dialectique à la physique, à la différence entre les mécaniques classique et quantique. Le mobilisme traite du monde tel qu’il est, l’éternalisme du monde tel qu’il est perçu et compris par nous autres, êtres humains, ou par n’importe quelle autre créature pensante d’ailleurs. En cela Kant avait vu juste, phénomènes et noumènes sont deux choses différentes. Et cette division reflète la relation fondamentale entre le mouvement (devenir) et la stabilité (être). Nous partons d’Heidegger, puis nous essayons d’aller plus loin.

Quelle est la relation entre l’éternaliste, en tant que catégorie de netocrate, et l’éternaliste en tant que philosophe ?

Il n’y a pas de distinction. Et cela devrait provoquer pas mal de réactions. En tant que philosophes, Soderqvist et moi ne pensons pas parler comme des individus. Nous nous contentons d’affirmer ce qui doit, de toutes façons, être affirmé. Nous sommes les voix du pouvoir que nous analysons. C’est ce que les philosophes ont toujours été. Il n’existe pas d’extérieur à l’hégémonie, comme tant de romantiques l’ont cru sans jamais pouvoir le prouver. Il n’y a pas d’alternative crédible à la philosophie que nous conduisons. L’éternalisme en tant que philosophie ne peut être distingué de l’éternalisme comme production de vérité au sein de l’ordre social informationnel. Ils sont une seule et même chose.

Y a-t-il un modèle historique propre à l’éternalisme et au mobilisme ? Vous avez écrit une fois : "l’éternalisme voit l’histoire comme une succession de singularités." Y a t-il un lien avec la version "transhumaniste" de la Singularité ?

Les changements de paradigme ont lieu quand la technologie de l’information dominante se voient remplacer par une autre. A ce moment, notre vision du monde est altérée jusque dans ses fondations. C’est ce que provoque l’avènement actuel de l’interactivité. La plurarchie remplace la démocratie, le dividualisme l’individualisme, les memes, le sujet cartesien, les réseaux se substituent à l’Homme, etc.
Du transhumanisme, je dirais qu’il s’agit d’un mouvement social et non d’une idéologie. Je refuse de traiter de tout concept philosophique possédant l’appellation transhumaniste. Il n’existe pas de singularité objectivement vraie, pas plus qu’il n’existe d’être humain objectivement vrai. Pour moi, l’homme est toujours Singe, et le Singe est toujours Fourmi. Tout est question de distance et de perspective. En tant que géographe économique, voyez-vous, j’ai été entraîné à voir les êtres humains sur des images satellites, et de ce point de vue, nous ne sommes rien sinon des fourmis. C’est sain de nous voir de cette manière.

Vous êtes converti au zoroastrisme. Pourquoi ?

Zarathoustra a été le premier éthiciste de l’histoire, lorsqu’il est apparu en Asie centrale il y a plus de 3700 ans. Il fut probablement le penseur et philosophe le plus intelligent ayant jamais existé, avec la possible exception de Nietzsche. Puisque je suis sa tradition, il était normal que je me convertisse et devienne zoroastrien. La seule et unique raison pour laquelle nous considérons le zoroastrisme comme une religion tient au fait que nous autres européens, qui possédons actuellement l’hégémonie, insistons sur l’idée que nos frères grecs ont inventé la philosophie. La vérité est que les iraniens ont enseigné aux grecs pratiquement tout ce que nous avons attribué à ces derniers, qui ont eu la chance de voir leur littérature conservée. Nous devons reconnaître que l’Europe est un nouveau venu dans le concert des civilisations. Que nos racines sont ailleurs. Cela fait partie de notre maturation, je suppose.
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Postby babak » Thu Feb 02, 2006 11:17 am

This text is a written version of the speech performed by it's autor at conference in the Californian Zoroastrian Center (Westminster, California) 3th May 1998.

Ideas travel slowly. At least if we look at how ideas cross over from one field of thought to another. Counting from a scientific hypothesis, which first has to be tested and proven empirically correct within its specific field, the effects of a major scientific discovery on the rest of society can take more than a century to sinkin.

Even though we often feel technological change is progressing at a breakneck pace, there are few if any signs that the process of paradigm shifts is speeding up. Rather the contrary. Since many of the scientific discoveries of the 20th century challenge our old worldview in such a dramatic fashion, paradigm shifts seem to travel slower now than before.

But travel they do. Therefore, there is no doubt that the implications of the scientific discoveries of the late 20th century will eventually reach every corner of our society. Science influences philosophy. Philosophy influences the arts. The arts influence popular culture and the media. And through mass media like television, film and music, we will all eventually be influenced in our every-day thinking by the major discoveries and paradigm shifts that have changed science so dramatically in the last 30 years.

I became a Zoroastrian in 1983. Although I have since learned to understand and love both Iranian and Gujarati culture, my conversion was entirely the result of reading and studying The Gathas. This wonderful scripture, this magnificent combination of intelligence and intuition, struck me as the perfect, timeless platform for a modern world religion.

Better than anybody else before or after him, Zarathushtra understood the timeless mechanisms that define the human condition. But he also understood the mechanisms by which the whole universe operates and considered the two systems, both the spiritual and the physical, to be one and the same force. Zarathushtra called this system of laws Asha.

The amazing thing is that modern science has reached exactly the same conclusions that Zarathushtra put forward some 3,700 years ago. Namely, that the universe operates, although also incorporating the element of chance, within definite laws of physics that are timeless and ever existent and that these laws have a specific purpose, namely the upholding and expansion of the universe.

Zarathushtra based his spiritual laws on his perfect understanding of the human condition. Interestingly, Zarathushtra's concept of Asha and the newly discovered laws of physics are, as we shall see, one and the same. Zarathushtra's 3,700 year-old religion is therefore not only correct in its observations of the human condition, but also in 100% agreement with the achievements of modern science. No other religion can make a similar claim.

Zarathushtra studied the human condition and reached his existentialist conclusions, which he characterized as Asha. Modern science has studied the universe both from its macro and micro perspectives and reached similar conclusions. It is therefore safe to say that the validity of Asha is reinforced on both fronts. Asha is the law according to which the universe operates but it is also the law according to which we should live our lives to be constructive and harmonious.

The fact is that if we were to invent an entirely new world religion based on modern science and in accordance with what we now know about the world, we would end up inventing something that already exists, namely Zoroastrianism. There is therefore no need to invent a New World religion. Our mission is instead to raise Zoroastrianism to its proper status as the world's dominant faith and the way forward is to go back to its roots, the message of Zarathushtra, and show the world the genius at work in The Gathas.

So what then is all the fuzz about in modern science? Which are these massive breakthroughs we hear about and what effects will they have on our worldview, on the way we think? We shall not only look at that but we shall also study the consequences the new scientific paradigm will have on the different systems of thought competing within the areas of religion and philosophy today.

I have chosen to divide current thinking into nine different alternatives and we shall look at the effects of the upcoming paradigm shift on each of these systems. We will study these effects from four different scientific perspectives, three of them discoveries within physics and cosmology and one within sociology, namely the arrival of the network society. My theory is that only an alternative, which is compatible to the changes taking place in all these four areas, can compete credibly once the paradigm shift is complete.

The new worldview taking shape within science will have a dramatic effect on the status of religion and philosophy. We are about to experience some dramatic changes that will shake the established faiths and ideological systems at their very foundations. And we are in for some surprising consequences.

The nine alternatives I have chosen fairly well cover where modern thinking is. First, we have the four Abrahamic religions, all monotheistic and founded in the Middle East. These are Judaism, Christianity, Islam and Bahai. Then there are the two main for as of eastern thinking, Hinduism and Buddhism.

We add two modern Western alternatives which both have their roots in the Enlightenment of France in the 18th century. I have chosen to refer to these systems of thought as Western Humanism and New Age. The ninth and last alternative is Zoroastrianism, based on The Gathas, written by Zarathushtra 3,700 years ago.

Western Humanism is essentially all the ideologies trying to keep Christian values intact while subtracting the Christian god. This process started with Voltaire and reached its zenith with Nietzsche.

Personally I regard Western Humanism, as a house without a basement, bound to implode once the lack of a foundation becomes obvious. But it is nevertheless a formidable alternative as it features all the dominant political ideologies of our society, like Marxism, Liberalism and Conservatism. Western Humanism requires an atheist or, possibly, an agnostic worldview to make sense.

New age is essentially the western adoptions of Eastern thinking in all their variety. Since Rousseau in 18th century France, Nature as God, and the pantheistic approach towards existence, has had a great attraction on Westerners as an alternative to the collapsed Christian hegemony of the middle ages. Its modern-day equivalent is the crystals and pyramids crowd of environmentalist fundamentalists appearing everywhere from California to Germany.

Any serious religious or philosophical alternative set to attract attention in the next 50 to 100 years can easily be referred to at least one of these nine alternatives. So we should be fairly well covered within this framework.

Cosmology was long based on the assumption that time was somehow an illusion and that there was therefore no physical limits to the concepts of time and space. The universe had neither beginning nor end but had always existed and would always exist keeping basically the same characteristics. The same would be true about space, which was assumed to be endless. Even Albert Einstein subscribed mainly to this worldview.

In the 1920s, scientists began to challenge this paradigm. If the universe had always existed and had always had the same properties, should it not then be full of light and radiation, as these are the by-products of stellar explosions? How come the universe contained so much dark, empty space? Perhaps instead the galaxies moved away from each other and the universe was expanding rather than standing still?

If the universe were expanding, it would have had to progress from a smaller, more concentrated form to its current status. In the early 1950s, a Russian-Jewish woman named Vera Rubin was the first to see the full consequences of an expanding universe. The universe was indeed a prisoner of time. It had to have a beginning, a big bang, in which both the universe and the dimensions of time and space were born, and the whole thing has expanded at a rapid pace ever since.

The big bang theory was proven correct in all its details over the next 30 years and the vast majority of physicists and cosmologists now take its validity for granted. Most theories now instead refer to how the big bang occurred and the nature of the important following events and what effects these events had on the shape of our current universe. Through the study of far-away galaxies (which also happen to reflect a much younger universe than ours) and the background radiation in space we can learn about the origin and the properties of the world.

Looking at the concept of time, there are historically two assumptions competing. One is called circular time universe (CTU) and assumes that the universe has always existed and all events will therefore, sooner or later, return to the same position as from where they began. Time is merely an illusion. Science up to Einstein subscribed to CTU which means Western Humanism (and its alternative to religion, atheism) is based on this assumption. So are Hinduism, Buddhism and their Westernized equivalent, New Age.

The competing concept is linear time universe (LTU). The universe has indeed a beginning and possibly also an end. Time is a part, or a dimension, of the universe, rather than an illusion. Events never return to the same position again but existence is instead a constant evolution. Zarathushtra actually founded this concept and it has since been applied to the Abrahamic faiths. Therefore, these five alternatives all survive the implications of the big bang theory on their intellectual credibility.

If the universe and the dimensions of time and space were born at the big bang and this happened as a result of pure chance, the whole thing would by now have gone through billions and billions of likelihood to collapse. Instead, the universe and its dimensions operate within exact physical laws, laws that exist outside and before the big bang, laws that are as valid today as ever, laws that were apparently created to avoid a collapse. It is therefore impossible to stay an atheist while accepting the evidence of the big bang and its consequences. Atheism was basically an historical parenthesis between Nietzsche and Marx. It died intellectually with Vera Rubin.

The second major discovery in modern science is that the laws of physics appear to be identical everywhere we look into the universe. If we look far enough we also look far back in time since the light we study is as old as the number of light years it has traveled. Even when we study the young universe we see from the remotest distances, the laws of physics are still identical to those valid in our own, current neighborhood.

If the laws of physics are identical everywhere in the universe and have been the same since the very creation of the universe, there is no room for exceptions. That means parallel truths can not be valid. Two statements that contradict each other can not both are true.

Applied to religion, there is no room for polytheism. Hinduism is based on polytheism and consequently does not survive this scientific finding. Neither does New Age which is based on and thrives on the notion of parallel truths. The reality is that two assumptions that contradict each other can not both be true.

Let us now move on from macro to microphysics. Quantum mechanics is a concept we have all heard about but few of us understand. Basically, quantum physics deals with the atomic and subatomic particles, their properties and how they interact. Quantum mechanics has been studied since the beginning of this century but has only recently begun to be applied to technology and influence our view of the world.

One of the most interesting phenomena in quantum physics is that when we observe and register the movement of a particle as small as an electron, we find that we can not determine the position of the particle and its movement simultaneously. This has a dramatic consequence, namely that the activity of the very foundations of our universe can not be predicted even when we have perfect access to information.

The world is therefore indeterministic rather than deterministic. We can never with certainty predict what will happen, only make more or less accurate speculations or design fields of likely outcomes. If God exists, not even God can know, in advance, exactly what will happen.

The Abrahamic faiths are all four based on the concept that God knows everything, including what will occur in the future. Nothing can be hidden from God, not even the future. When Judas kissed Christ, he did so because this had already been determined. It was Judas' fate to kiss and betray Christ. There was nothing Judas could do to change or alter his fate. Neither could Christ avoid his crucifixion. It was determined.

The same goes for Judaism, Islam and Bahai, in which telling the future is an integral part of religious beliefs and without which the very foundations of the religions collapse. Modern science, especially quantum physics, has proved this assumption to be incorrect.

If we can not predict with certainty the movements and positions of the smallest particles in the universe, there is no way we can predict anything bigger with certainty either. Of all the five monotheist religions founded in the Middle East only one, Zoroastrianism, is indeterministic and therefore compatible with the consequences of quantum physics.

If we can not predict even the very next second with certainty, we certainly can not predict that the current universe will return to the same position as its current status somewhere in the future. Therefore, the circular time universe dependent systems of thought also have a major obstacle to overcome staying credible following the breakthroughs of quantum physics.

We live in a rapidly changing world where the effects of technological invention are dramatic. The world is becoming one global village. Through new fast and cheap electronic media we can all have constant access to perfect information. The network society evolving can not be controlled by any individual or organization and staying out of the network revolution means total exclusion from every aspect of modern society, including trade and economic and technological development.

The revolution that overthrew the Communist dictatorships in Eastern Europe became a possibility through the widespread use of fax machines in those countries. The Rodney King trial in Los Angeles would never have caused so much controversy were it not for the videotapes authentically showing the behavior of the LAPD. New network media are popping up everywhere, registering everything that happens or is said, and the world can study just about everything that happens in detail. We move into a transparent society. Nothing important can be hidden from the masses any longer.

Every aspect of social behavior, from family life to corporate structures, will be affected. Your boss can no longer close the door to hold secret meetings. Information will be out and for all to know within minutes anyway. Hierarchies will have to go and freedom of information and freedom of choice will reign. Even dictatorships like those in Communist China or the Iran of the mullahs must change due to technological change. 50 years from now, there will be no more dictatorships in the world.

How do these changes affect our nine alternatives? Well, belief systems that require obedience to a specified divine truth, no matter what, can not survive. A belief system has to be able to handle constant questioning, analysis and the freedom of choice. The very foundations of a faith have to be credible intellectually with every follower to be an alternative. Which of our nine alternatives survive this upcoming test?

Islam states that Allah rules and that there is no other god than Allah and Allah must be feared by everybody although often not understood. In Bahaiism, the House of Justice decides the rules and regulations for every aspect of life for all Bahai followers without allowing being questioned. Christianity and Judaism have similar concepts of God and with The Pope in charge of all Catholics in the world, giving them orders what to think and how to act, their pattern is similar although possibly not as strict as that of Islam and Bahai.

Among religions, only Zoroastrianism, Buddhism and Hinduism allow for individuals to find out and understand for themselves how things work. Naturally, Western Humanism and New Age are also tolerant enough towards individual thinking to be able to survive the test of the network revolution. But the Abrahamic religions will not be able to keep their foundations and survive the open society revolution simultaneously.

If we look at all the nine alternatives from the four perspectives I have discussed above, we will soon find that Zoroastrianism, as presented by Zarathushtra in The Gathas, is the only alternative which survives all four tests and therefore has a future to prosper in.

My question is can the Zoroastrians of the world comprehend this and do they realize the responsibility that goes with this finding? Or do truth seekers outside the Zoroastrian community have to invent a new credible, modern world religion borrowing Zarathushtra's ideas while turning their back on the traditional Zoroastrians?

I believe that question is up to the Zoroastrians themselves to answer. But nothing can be more important within the Zoroastrian community today than living up to the fact that we and we alone, carry the eternal truth from pre-historic times to the modern age. It is an enormous responsibility. Can the Zoroastrian community live up to it? Are we ready for mass conversions?

Materials are kindly provided by Jamshid Zartoshti
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