Cher Ardavan, évitons de tomber dans le piège du bourgeollah (la bourgeoisie-islamiste) qui organise toutes ces manifestations non pas pour changer le régime, mais pour raffermir ses bases. A lire :
Source :
http://www.iran-resist.org/article5830.html
Iran : La grande mobilisation
06.02.2010
Bien que le Mouvement Vert ait explicitement annoncé à plusieurs reprises son attachement à la révolution islamique et au modèle en place, depuis 15 jours, tous les opposants iraniens pro-américains que nous avons dénoncés sur ce site en avril 2007 font campagne depuis les Etats-Unis et l’Europe pour encourager les Iraniens du pays ou en exil à manifester sous la bannière verte le 11 février, date de commémoration de la révolution islamique.
| Décodages |
Il y a une semaine, Washington qui interdit depuis 5 ans à tous ses alliés ou adversaires le moindre contrat pétrolier bénéfique aux mollahs a autorisé l’Irak à acheter du gazole iranien au prix invraisemblable de 1000 $ le baril alors que le coût de production du gazole en Iran n’excède pas 5 dollars ! Il a ainsi secouru le régime qu’il a lui-même mené au bord de la ruine car son objectif n’a jamais été de le renverser, mais de l’affaiblir pour le contraindre à accepter de devenir son allié, ou plus exactement son instrument sans la région.
L’enjeu de cette entente est dans un premier temps la domination de l’Asie Centrale, région musulmane hautement pétrolière nécessaire à l’épanouissement de la Chine. Puis, l’embrigadement des musulmans de cette région pour faire naître une agitation séparatiste dans la région musulmane de Xinjiang, réservoir de toutes les matières premières de la Chine.
L’avenir de l’empire américain dépend de ces deux objectifs. Washington ne peut pas se passer d’une entente avec les mollahs et surtout les Pasdaran, experts en agitations islamiques, mais ces derniers ne sont pas des clients faciles car grâce au Hezbollah qui est capable de déstabiliser les Arabes modérés, ils disposent d’un formidable moyen de pression sur Washington. Pour désactiver de manière définitive le Hezbollah, depuis 1995 Washington a trouvé une solution miracle : il a renforcé ses sanctions en demandant la tenue d’élections libres à tout candidat respectueux de la constitution islamique avec l’espoir d’introduire ses propres pions dans le système. Grâce à ces candidats plus présentables que les barbus, il pourrait alors prendre le pouvoir de l’intérieur pour réduire les mollahs et les Pasdaran à un rôle d’agitateurs subalternes.
C’est en réponse à cette stratégie de 1995 que le régime s’est lancé en 1997 dans la fabrication de faux opposants, de mollahs dissidents, de faux étudiants contestataires ou encore de modérés pour simuler ses propres élections libres. Les Américains n’ont jamais officiellement légitimé ces simulateurs tricheurs aux discours flous, mais pour ne pas être largués, ils ont joué en les invitant dans leurs médias, d’une part pour introduire leurs pions et d’autre part, pour introduire des sujets de débat comme la normalisation des relations, une évolution essentielle pour le retour en Iran de leurs pions.
Mécontent de ce débat stérile, cette année, Téhéran a surpris les Américains avec le Mouvement Vert , entité qui a remplacé les faux opposants apprivoisés et prévisibles par des anonymes insaisissables qui démocratiquement demandaient le retour aux principes de base de la révolution. Téhéran espérait piéger Obama pour qu’il reconnaisse un Mouvement hostile à tout compromis comme le porte-parole légitime du peuple iranien. Il n’aurait ainsi pas pu sanctionner le refus de saisir sa main tendue après la fin de l’ultimatum du 31 janvier 2009. Téhéran estimait par ailleurs que le scénario ne laissait aucune possibilité d’infiltration aux Américains.
Après un temps mort, les Américains se sont adaptés à ce nouveau scénario en évitant de reconnaître le Mouvement Vert ou ses chefs, mais en leur accordant une place médiatique très importante pour rester au contact. Ainsi alors que les Iraniens boycottaient sérieusement ce faux mouvement, les Américains ont sans cesse repris au bond tous les sujets lancés par les mollahs -arrestations, viols, procès- pour forcer Obama à prendre le parti de faux révolutionnaires Verts soi-disant martyrisés. Ils ont ainsi créé un mythique Mouvement Vert qui n’a jamais pu mobiliser plus de 3000 personnes dans tout l’Iran. À présent, ils continuent dans la même voie en doublant les invitations à manifester lancées par les chefs Verts issus du régime par des invitations lancées par leurs pions aux Iraniens du pays et aux exilés, officiellement « pour créer une direction parallèle attachée à un changement de régime ».
Ce positionnement bizarre d’une « manif sous la bannière verte mais en faveur d’un changement de régime » a convaincu de nombreux opposants laïques iraniens que ces opposants liés aux Américains avaient changé. Ils ont donc cessé de mettre en garde les Iraniens et ont rejoint leur effort aux pions de Washington en diffusant aussi des appels à manifester.
Ces opposants ont commis une grave erreur car en juin dernier quand cela a démarré, Washington était présent via la chaîne gouvernementale Voice of America en persan qui est très regardée en Iran pour diffuser les images du Mouvement Vert. Mais quand le peuple avait profité de l’occasion pour se soulever, la chaîne américaine avait suspendu le son des images reçues d’Iran pour ne pas être obligée de transmettre les vidéos amateurs où l’on criait « mort à la république islamique » ou « nous ne voulons pas de Moussavi », avant de couper aussi l’image pendant quelque jours. Il ne veut d’aucun renversement de régime encore moins que l’on puisse associer le soulèvement du peuple à l’envie d’un régime laïque. C’est pourquoi il se démène pour la mobilisation des Iraniens sous la bannière du Mouvement Vert à la date anniversaire de la révolution islamique.
Il y a dix ans, on n’a pas assisté à ce genre de mobilisation américaine car « les modérés ou les dissidents » évoquaient par leur existence un rejet de l’islamisme par la société iranienne. Aujourd’hui Washington a aligné ses pions sur ceux de Téhéran car le Mouvement Vert est un show médiatique pour simuler l’attachement du peuple à l’Islam et à la république islamique. C’est mieux que parfait pour les projets régionaux des Américains. C’est pourquoi Washington a donné carte blanche à ses pions pour attirer tous les Iraniens dans des manifs communes sous la bannière verte.
Washington n’a rien laissé au hasard car il a également oublié d’évoquer dans ses médias anglophones ces invitations rassurantes pour les Iraniens, et n’évoque que les invitations lancées par Moussavi et Karroubi. Ainsi si le 11 février les Iraniens descendent dans la rue, leur mobilisation sera comptabilisée pour le Mouvement Vert, de même leur mobilisation hors Iran passera sous la direction du Mouvement Vert. Le plus grave est que cette mobilisation hors du pays risque d’éclipser le boycott prévisible des Iraniens.